Niger : 750 migrants maliens coincés dans le désert bientôt rapatriés",

À partir du 24 janvier, 750 exilés originaires du Mali pourront quitter le Niger et regagner leur pays, par des vols affrétés par les autorités maliennes et l'Organisation internationale pour les migrations. Ces personnes sont bloquées depuis des semaines, voire des mois, dans la ville d'Assamaka, après avoir été expulsées d'Algérie.

Ils quitteront bientôt le Niger. À partir du 24 janvier, 750 migrants maliens monteront à bord de cinq avions charters pour rentrer dans leur pays. Ces vols seront affrétés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et les autorités maliennes. Ils ont été programmés à la suite de la signature, lundi 16 janvier, d’un partenariat entre l’institution onusienne et le ministère des Maliens établis à l’extérieur et de l’intégration africaine.


Cet accord prévoit par ailleurs assistance et protection à plus de 600 autres migrants maliens bloqués au Niger. Ces exilés en situation de détresse sont déjà pris en charge par l’OIM dans le centre d’accueil de migrants d’Assamaka, à 400 km d’Agadez.
Dans un communiqué, le gouvernement dit "apporter son appui financier à la couverture des besoins en nourriture et en médicaments de ces migrants, avant de s’engager à les rapatrier au Mali".

Le rapatriement des migrants maliens coincés à Assamaka a été décidé après la diffusion sur les réseaux sociaux de la vidéo d'un jeune Malien, dans laquelle il témoignait des conditions de vie très difficiles des exilés à cet endroit. Certains "meurent de faim et de soif", déplore-t-il dans son message. D’après le site d’information Maliweb, à la suite de cette publication, le jeune homme a été contacté par les autorités maliennes, et a échangé au téléphone avec le ministre des Maliens établis à l’extérieur Alhamdou Ag Ilyène, qui l’a assuré de son soutien. "Les plus hautes autorités sont informées de ce qui se passe et des dispositions sont en train d’être prises pour permettre leur rapatriement volontaire et en bon ordre", avait fait savoir le chef de cabinet de ce ministère, Mohamed Albachar.
En 2022, 1 353 Maliens ont été rapatriés du Niger après avoir été refoulés de l’Algérie ou de la Libye, sur fonds propres du ministère et avec l’aide de certains partenaires. Au total cette année-là, 7 373 Maliens, dont 576 enfants et 354 femmes, ont bénéficié de cette assistance ailleurs dans le monde, affirme le média.

"Quand on est arrivé, on s'est enregistré auprès de la police nigérienne, qui nous a bien accueillis", avait raconté Brahim Dramé, un Malien arrivé le 1er novembre. "Ensuite on s'est présenté à l'OIM et on nous a dit qu'il n'y avait plus de place. On n'a pas eu de couverture les premiers jours et j'ai dû me glisser dans un sac en jute pour me couvrir pendant la nuit." Lors d'une interview, l'OIM a reconnu des blocages temporaires, pour motifs sanitaires, sécuritaires, et consulaires. De manière générale, l'institution est tributaire des processus imposés par les États d'origine pour délivrer les laissez-passer.
"Abandonnés" à 2h du matin
Chaque année, l'Algérie expulse des milliers d'Africains subsahariens vers le Niger. De janvier à mai 2022, ces expulsions ont concerné 14 196 migrants. Ces derniers sont abandonnés au lieu-dit Point-Zéro, qui marque la frontière entre les deux pays en plein Sahara. Ils doivent ensuite parcourir, à pied et souvent sans matériel de localisation, les 15 km qui les séparent d’Assamaka. Le village nigérien est aujourd'hui débordé par ces vagues de refoulements successives.
La plupart des migrants à Assamaka dorment à l'extérieur, en se protégeant comme ils peuvent du vent qui fait tomber les températures pendant la nuit. Crédit : Mehdi Chebil.

 


"On nous a abandonnés à Point-Zéro à 2h du matin et nous avons dû marcher avec nos béquilles pendant des heures. Nous ne sommes arrivés à Assamaka qu'à 11h du matin", a confié Alpha Mohamed à InfoMigrants. Le jeune migrant et son ami Houssain ont été arrêtés sur le chantier d'un immeuble à Oran, où ils travaillaient comme manœuvres. "Les policiers sont arrivés à 9h du matin et tous les ouvriers noirs se sont aussitôt enfuis. Nous, on a essayé de partir en montant dans les étages mais un policier nous a rattrapés. Il nous a bousculés exprès et nous sommes tombés : c'est comme ça qu'on s'est cassé les pieds."


Malgré une expulsion violente, les deux Guinéens sont arrivés sains et saufs de l’autre côté de la frontière. D’autres ne survivent pas à la traversée du désert. En 2020 et 2021, 38 corps ont été retrouvés dans la zone, à quelques kilomètres d’Assamaka.